Alors jeune, faire des images fixes moches ne te suffit plus, tu veux maintenant faire de la vidéo moche.

Tu n’y connais rien, c’est normal tu es jeune, mais tu te dis que tu trouveras toutes les infos qui feront de toi le prochain Spielberg sur ce site. Comme ça, tu pourras toi aussi polluer Youtube avec des vidéos pourries.

Et bien tu as raison, car Tonton Mips est là, et comme il en a marre de voir tout le temps les mêmes questions sur le forum, il a pensé à te faire un petit précis pour t’expliquer les bases. Ce qui te permettra surtout de comprendre les différentes options que tu trouveras dans les logiciels de compositing ou de montage.

Ne le remercie pas, c’est inutile, envoie-lui plutôt une photo de ta jeune fiancée en bikini.

Une image destinée à être diffusée sur les ondes de la télévision nationale d’état française doit être en :
PAL
En France, le système officiel de codage des couleurs était le SECAM, pour la bonne raison que, bien que de moins bonne qualité que le PAL, c’était un brevet français. Petit à petit, le PAL l’as supplanté car il offre une meilleure restitution des couleurs. Le SECAM avait comme unique avantage d’avoir été mis au point par monsieur Henry de France, ce qui est quand même un joli nom qui claque bien, mais c’était un peu léger comme argument de vente internationale… Seule l’URSS avait aussi adopté le SECAM, ce qui aurait dû tout de suite nous mettre la puce à l’oreille.

La définition de l’image est de 720/576 pixels pour une image SD (standard definition in english)
1920/1080 pour une image HD

C’est logique : l’image HD est composée de beaucoup plus de petits points que l’image standard, donc elle est mieux définie.

Le pixel c’est la plus petite unité constituant ton image.

Si, ce dont je doute, tu trouves un journal, ou, encore plus improbable, un livre, quelque part dans le foutoir crasseux de ta chambre et que tu l’approches tout contre ton œil injecté de sang par l’abus d’alcool, tu verras que les lettres sont en fait constituées par plein plein de petits points d’encre. Et bien le pixel, c’est un peu la même chose pour la vidéo.
En fait, une image télé est constituée de lignes, mais comme tu travailles uniquement sur ordinateur parce que tu es une grosse feignasse, restons-en aux pixels.

Donc : 720/576 qui est le seul format d’image accepté par l’émetteur de la Tour Eiffel.

Et là, tu vas me dire : oui mais d’abord, moi j’ai un copain, il est super fort en vidéo parce qu’il a fait un stage dans le service infographie de France 3 Alsace et il m’a parlé d’un autre format : 768/576…
Et bien ce copain a en partie raison, aussi surprenant que cela puisse paraitre quand on voit sa tronche. Ce format est utilisé uniquement dans le cas d’images fabriquées sur ordinateur. Cela tient à la forme des pixels. Car, va savoir pourquoi, les pixels des téléviseurs sont rectangulaires (1 de hauteur sur 1,07 de longueur), alors que les pixels de ton moniteur informatique volé sont carrés. Si tu dessines un carré sur ton moniteur, il apparaitra rectangulaire sur une télé puisque les pixels sont plus longs que hauts. Pour compenser cette différence horizontale, on ajoute des pixels dans la largeur de ton image informatique. Mais c’est uniquement une « ruse » pour palier à cette différence de taille, ce n’est pas un vrai format.

Bien sûr, ces choses sont comme ton acné juvénile, elles évoluent : avec le remplacement progressif des téléviseurs à tube par des écrans plats aux pixels carrés, le 768/576 a de moins en moins de raison d’être.

Et le 16/9 alors monsieur ? Vas-tu dire. Non pas que ça t’intéresse vraiment, mais tu peux pas t’empêcher de fayoter.

Et bien le 16/9 est un autre format d’image, constitué de 1024/576 pixels carrés, ce qui fait une image plus allongée, donc qui se rapproche plus d’une image cinéma. Mais cela n’a rien à voir avec une meilleure définition. C’est juste un rapport largeur/hauteur différent.

Mais alors monsieur, comment on fait pour faire accepter 1024 pixels par l’émetteur de la Tour Eiffel, que toi-même tu nous as dit qu’il voulait seulement du 720 ?
Si, en effet, on ne peut pas jouer sur le nombre de pixels constituant la taille horizontale d’une image, rien ne nous empêche de jouer sur la taille de ces pixels. Les pixels d’une image 16/9 font 1 unité de haut pour 1.42 unité de long. Si une chaine de télé te demande (quelle idée saugrenue) de lui fournir un film en 16/9, tu devras lui fournir une image de 720/576 pixels 1,42.

Et c’est pour cela que la réception de la HD ne peut se faire sur des téléviseurs standards : y’a trop de pixels, ça rentre pas.

Là encore, tout ça est en train de changer. Mais pendant de nombreuses années, les écrans cathodiques 4/3 vont cohabiter avec les nouveaux écrans plats : les gens gardent leur vieille télé dans leur cuisine ou pour leur maison de campagne. Il faut donc que tu sois un peu au courant de tout ça.

Tu dois calculer en trame supérieure en premier.
Mais qu’est-ce que c’est donc que ça ?
Une seconde de film, sur pellicule, est constituée de 24 images fixes, 24 photos prises successivement et très très vite, qui grâce à la magie de la persistance rétinienne, donnent l’illusion du mouvement.

A l’aube du cinéma, quand les mp3 n’existaient pas encore, les gens tournaient à 15 images par seconde. Ce n’était pas assez pour simuler le mouvement. C’est pour ça que les vieux films de Charlot te semblent saccadés. Enfin, encore faudrait-il que MTV diffuse un jour un Chaplin pour que tu puisses comprendre…

Une seconde de vidéo est, elle, constituée de 25 images. Mais sur les téléviseurs PAL, 25 images donnent parfois une impression de saccade, surtout en cas de déplacement rapide. Les ingénieurs se sont alors dit : qu’à cela ne tienne, pour avoir une image top super fluide, on va doubler la cadence. C’est que c’est pas des cons les ingénieurs…

Donc, chaque image est elle-même constituée de deux « demi-images », qu’on appelle des trames et qui s’emboitent l’une dans l’autre (comme les dents de deux peignes) pour former une image complète.

C’est en partie à cause de cette espèce de fluidité artificielle que l’image vidéo n’a pas le même look qu’une image de cinéma. Ca tient bien sûr aussi à d’autres critères, mais ce n’est pas le sujet. Et c’est pour ça que, quand on veut donner à de la vidéo un aspect « cinéma », la première chose à faire est de supprimer ces trames, ce qu’on appelle « merger » : on fond les deux trames en une seule image.

Mais, si par exemple tu veux déplacer une typo blanche sur fond noir, et bien le résultat sera plus fluide en trame.

En images pleines (cinéma), on parle de mode progressif. En images tramées, on parle de mode entrelacé.

Mais tu vas me dire : moi je veux que mes images ressemblent à du film, car je veux devenir un réalisateur à succès américain donc je m’en tape de tes trames pourries… Soit, mais sache que certains diffuseurs exigent de l’entrelacé, faut donc que tu saches au moins ce que ça veut dire.

Il existe deux modes : trame supérieure en premier ou trame inférieure en premier. En Pal, en France, on utilise généralement Trame supérieure en premier.

Deux précisions encore : dans C4D tu dois sélectionner « ODD » pour être en trames supérieures. Et il faut mieux préciser manuellement les trames quand tu importes ton rendu. After effects, par exemple, se trompe une fois sur deux si tu le laisses choisir.

Les vidéos tramées sont faites pour être lues sur des téléviseurs. Sur ton moniteur informatique, ça donne une image bizarre, avec des « escaliers » comme si tu n’avais pas assez d’anti-aliasing .C’est normal : le moniteur ne sait pas interpréter les trames.

Revenons un instant, si tu veux bien mon petit bonhomme, à la HD.
Je t’ai donné comme taille 1920/1080. Ce n’est qu’un des formats possibles. La HD est jeune et la guerre des formats et des brevets fait rage entre les fabricants. Cependant pour l’instant, le format qui semble gagner en France est le 1080P, c'est-à-dire 1920/1080 pixels carrés en progressif.

Sauf que TF1 fait le forcing pour adopter un format entrelacé sous prétexte que c’est plus fluide pour les retransmissions sportives… Et quand TF1 veut quelque chose…

D’autre part, quand les chaines de télé ou les fournisseurs parlent de « HD », c’est un grand mot pour pas grand-chose. Une image de 1920/1080 pèse très lourd, environ 4 fois plus qu’une image standard. Et pour l’instant on ne sait pas faire circuler autant d’information dans les tuyaux ou sur les bandes magnétiques existantes. Les fabricants ont donc inventé divers formats de HD « compressées ». C’est cette HD « bas de gamme » que l’on va recevoir par la TNT et autre. Seuls les blue-ray pour l’instant offre une véritable HD 1080P.
Si ton client te demande de la HD, il faut donc qu’il te précise le format souhaité.

Ensuite, en quoi vas-tu rendre cette magnifique animation ?
AVI ? oublie. L’avi c’est pas pratique.

Il reste donc soit le quicktime, soit la séquence d’images.
Certes, le Quicktime vient d’Apple, ces escrocs très forts en marketing qui arrivent à te faire croire que c’est super important de claquer ton argent dans des machines beaucoup plus chères mais tellement plus tendances, qui te donneront la personnalité que tu n’as pas et te feront entrer dans le monde de la création libre et sans contrainte… Mais à part ça, il faut bien reconnaitre que ça marche plutôt bien.

Un quicktime, d’accord, mais quelle compression ?
« Sans » comme son nom l’indique, est « sans » compression. C’est donc la meilleure qualité possible.
« Animation » est très utilisé. Ca compresse un peu, l’image est un petit peu floue, mais ça reste tout à fait correct.
« Animation jpeg » compresse plus, pour une qualité toujours correcte.

Ensuite, il existe une ribambelle d’autre compressions, on va pas tous les passer en revue. De toute façon, tu as déjà largement dépassé ton quota de temps de concentration maximum, ton pauvre cerveau brulé par l’extacy ne retiendra jamais tout ça.

Le plus important finalement, c’est de connaitre la destination et l’usage de ton film. Par exemple, si c’est pour faire un DVD, inutile de sortir une image fantastique. Le DVD encode en mpg2, c'est-à-dire avec un débit maximum de 8 mb/seconde. Certaines chaines du câble diffusent en mpg50, voir Mpg25, autant dire que ta fabuleuse image va en prendre un sacré coup dans la tronche…

Mais, dans le doute, fais ton render C4D sans compression : il sera toujours possible ensuite de réduire le poids de ton film si nécessaire.Un client peut très bien te demander tout d'abord une animation pour le web. Alors toi, tu fais un rendu en basse qualité largement suffisant pour le web. Mais voilà ty pas que ce même client, rendu a demi fou par la beauté de tes images, décide de le diffuser sur un grand écran dans le hall de sa société. Avec ton petit rendu web, tu as l'air con (bon, ça change pas de d'habitude tu vas me dire)

Mais certains esprits chafouins et prudents, le genre « je porte une ceinture et des bretelles » vont sans doute te dire : « attention, jeune fou, si tu fais un rendu un quicktime et que C4D plante au milieu, tu vas tout perdre». La mentalité petit rentier n’a pas disparu.

C’est pas faux… Sauf qu’avec un état d’esprit pareil, on aurait jamais découvert l’Amérique…

L’autre solution pour éviter ce genre de problème est donc la séquence d’images. Si C4D plante comme une grosse vache au milieu du rendu, les images déjà calculées ne sont pas perdues, il te suffit de reprendre là où il s’est arrêté en te félicitant pour ta prévoyance.

Mais quel type d’image ?

Le plus utilisé c’est la séquence TGA. Sans compression, importable par tous les softs de montage et la plupart des générateurs d’écriture, le TGA offre en plus l’avantage d’intégrer l’alpha, sur lequel nous allons revenir dans quelques instants si tu ne sombres pas d’ici là dans un coma profond à force de lire tous ces mots trop compliqués pour toi.

Evidemment, tu éviteras comme la peste tous les formats d’image avec compression : jpg et autre.

Une autre option, moins connue mais très pratique est le PNG. Le PNG est ton ami et tu ne le sais pas. Sans compression, le PGN intègre lui aussi un alpha. Il est moins utilisé parce qu’il n’est pas lisible directement dans tous les softs et toutes les machines, mais il gagne à être connu, ce qui le différencie de toi. Il pèse moins lourd que les TGA.

Ensuite viennent RLA et RPF. Ce ne sont pas deux sigles de partis politiques gaullistes comme on pourrait le croire à première vue, mais des formats très intéressants car ils intègrent une foule d’information en plus, très utiles pour la 3D. Mais on verra ça en détail une autre fois, en fonction du nombre de photos de fiancées en bikini reçues.

« Mais c’est quoi donc cet alpha dont tu parles sans cesse ? » vas-tu alors dire avec ta petite voix qui n’a pas fini de muer et qui fait de toi la risée des filles du lycée. Surtout Jennifer, la blonde de terminal B à qui tu aimerais bien secouer les polygones.

Et bien l’alpha est une information de transparence. Un peu comme la culotte de Jennifer dans tes rêves les plus fous. L’alpha est une image noir et blanc en niveaux de gris : ce qui est blanc est opaque, ce qui est noir est totalement transparent, ce qui est gris est à demi transparent.
Imaginons un instant que tu fabriques un cœur en 3D que tu veux ensuite incruster sur une photo de Jennifer, afin de lui faire une petite vidéo sympa que tu lui offriras en rougissant pour son anniversaire. Et bien grâce à l’alpha, tu peux séparer le cœur de son fond et l’ajouter très facilement sur la photo de Jennifer dans le premier logiciel de montage que tu trouveras en P2P.
Pour l’ajouter à ton quicktime, il faut sélectionner RGB +. Le petit +, c’est l’alpha. Et dans le cas du TGA, il faut choisir TGA 32 bits. Dans les options de C4D, il faut bien sûr cocher « alpha ».

Il me reste encore bien des choses à t’apprendre. Mais je devine dans ton regard vitreux que tu as dépassé tes limites intellectuelles. Va vite retrouver ta console de jeu, c’est tout pour aujourd’hui.